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SI ON PARLAIT BSA II   Bon !! alors comme vous insistez !!..
par Jean - Luc Ménard

Voyons voir ou j’en suis ? Il fallait que je vous parle de la fameuse bague,
tantôt adulée, tantôt maudite !! : J’ai pris mes pilules dans l’ordre,
1, la bleue, 2, la rouge avec ma camomille prescrites par mon vétérinaire…..

Ce montage est hyper connu et toujours utilisé en mécanique, il repose sur le principe du « coin d’huile ». Basé essentiellement sur la loi physique que les liquides sont incompressibles (à l’inverse des gaz) .
On loge 10M3 dans une bouteille d’air comprimé , on ne peut pas remplir une bouteille de 10M3 d’huile dans le même volume…Bon !! un arbre tournant dans un alésage comportant un jeu celui-ci étant rempli d’huile sous pression, en principe l’arbre « flotte » sur un film d’huile appelé « coin d’huile », pas de frottements, donc pas d’usure.
(Les arbres de grosses rectifieuses sont montés ainsi, également les axes de gros alternateurs, il n’y a pas de roulements….) ce principe est bien sur exclu sur les dynamos LUCAS…à voir…

Du montage de la bague ….

J’en réfère uniquement à mon expérience personnelle, et il y’a d’autres solutions qui sont sans doute tout aussi valables. Pour ma part je reste dans le classique….

Contrôles
Avant tout il faut contrôler le vilebrequin.
Nettoyer sommairement l’extérieur et enlever toutes traces de « boues » à l’intérieur de la flasque boulonnée. Il existe deux modèles, une qui est boulonnée avec plusieurs vis et écrous freinés (6) en usine... ça ne sert à rien de la démonter. L’autre est boulonnée sur la périphérie, là il sera nécessaire de la démonter plus tard.
Il est préférable, et à mon avis obligatoire de passer le vilebrequin aux rayons X avant toute chose... Votre radiologue ne le fait pas !!! à moins de tomber sur un passionné de BSA… et pour le remboursement de la sécu ça va pas être de la tarte !!!! IL existe des boites de mécanique qui font de l’usinage moteur et qui font ce genre d’examen, on peut déceler des criques et micro-fissures au niveau des portées de bielles et des axes du vilebrequin... Si tel est le cas il n’est pas utilisable..
(transformation éventuelle en lampe de chevet).

Rectifications
Prendre la mob, mettre le vilo dans le sac à dos et aller chez le rectifieur du coin ……pas chez le boulanger !!! ni au troquet (ou alors vite fait !!!)
Monter le vil qui est brequin entre autres…. sur un tour entre pointes et contrôler au comparateur s’il n’est pas faussé : contrôles au niveau des axes et de la flasque , et bien sûr mesurer les manetons de bielles s’ils ne sont pas ovalisés ou hors cotes !! hors cotes = dur !!dur !! sinon, rectif des manetons et coussinets neufs.

Des boites spécialisées de mécanique peuvent le redresser à la presse (pas toujours évident !!) on peut également recharger des manetons de bielles mais je pense qu’à ce point il est plus facile de trouver un autre vilo !!.
Haut les cœurs !!! le vilo est impeccable, pas de fissures, pas d’usure il tourne parfaitement rond et les manetons sont en cotes d’origine ainsi que les ampoules !!
Après toutes ces bonnes nouvelles, petite toilette de l’objet... sac à dos, mob, troquet (vite fait c’à s’arrose !!)
Le vilebrequin est donc utilisable…Démonter les bouchons de l’épurateur d’huile…ces pièces donnent une bonne indication sur les sévices subis et l’âge du vilo. Vous avez remarqué que ce sont des fentes tournevis…. , le tout freiné à grands coups de pointeaux. S’il y’en a deux… c’est d’origine , montage en usine….s’il y’en a vingt sept , bonjour le nombre de démontages !! l’outil idéal de démontage est le tournevis à frapper bien adapté,….
Une fois ces joyaux de la mécanique extirpés et pris la direction de la poubelle a la vitesse de la lumière……on nettoie le vilo !!


Dans le cas de la flasque montée avec trois vis, l’une d’elles est différente des deux autres, elle comporte un pion de centrage, (voir FIG 1 , 72 et 73) qui tient l’épurateur .
Nettoyer tous les conduits ….. le principal…. (l’épurateur) étant souvent à moitié bouché par de la boue , utiliser un solvant musclé genre trichlo et un petit goupillon. C’est incroyable ce qui sort de là dedans !!! Ensuite à l’aide d’une pissette on rince abondamment avec de l’essence pour les non fumeurs ….


J’utilise également du pétrole pour les poêles de chauffage,
on le trouve en grande surface, en bidon de 20 l, c’est pas cher (pour JASPER !!!), ça dégraisse bien, ininflammable, non nocif et de plus en l’utilisant tel quel, il laisse un film gras empêchant l’oxydation des pièces.
J’en ai trouvé une fois à la pompe chez Leclerc.
On rince tous les conduits de bielles et de la bague : que ça sorte tout clair !!! Remonter l’épurateur et sa vis de blocage (Loctite rouge) démonter les deux autres et les bloquer (Loctite rouge).
A la place des bouchons d’origine à fente on trouve des bouchons à 6 pans creux (SRM). Bien contrôler celui du coté d’arrivée d’huile, il est parfois un peu long et obstrue partiellement le conduit principal d’arrivée d’huile !!! (sympa) .
Une fois cette vérif effectuée on peut les monter au Loctite rouge (dégraisser soigneusement au trichlo).
Au serrage, celui coté arrivée huile (qu’il a fallu peut être raccourcir….) ne vient pas en butée, une fois collé au Loctite, je perce entre le bouchon et la face du vilo, ensuite je taraude une vis M5 à 6 pans creux sans tête. Ce montage en mécanique s’appelle perçage entre « cuir et chair ». Pas prêt de se sauver …
Un petit coup de pétrole dans les conduits, coup de soufflette, puis à l’aide d’une burette, introduire de l’huile dans le conduit d’arrivée de la bague et contrôler la sortie sur les manetons de bielles. Les perçages sur les manetons sont différents , ne jamais les agrandir on modifierait alors la pression de sortie , principalement sur la bielle gauche (côté roulement).
Parlons-en de cette fameuse bielle gauche…elle est effectivement moins bien graissée que sa voisine, de là à dire qu’elle veut jouer constamment les filles de l’air en passant par le carter ,c’est un peu exagéré…
Quelques explications... A l’époque des sixties, le gars qui possédait une BSA un peu sportive lui tirait dedans pour épater les filles, en attendant de tirer la demoiselle !!!! (quoi ? la censure !! Ah bon….) sérieusement il avait souvent la poignée dans le coin, des huiles qui étaient ce qu’elles étaient (point très important) et la BSA a du mal à supporter 6200 ou 6300 rpm en utilisation courante !!

La bielle gauche moins graissée prend plus de jeu sur les coussinets à régime élevé, en général ça s’entend, un démontage s’imposait… mais la minette attendait aux autos tamponneuses !!! au choix…. cruel dilemme ! Les huiles n’étaient pas d’excellente qualité et à hauts régimes le spectre du serrage n’était pas loin !!
Personnellement j’ai eu une bielle gauche qui avait pris du jeu , et au démarrage (donc à froid) ça fait vraiment du bruit…Démontage impératif.
Revenons au montage du vilebrequin... Le placer dans le carter ainsi que l’arbre à cames, placer l’autre carter , serrer tous les écrous et gougeons, il doit tourner librement sans points durs.

LE JEU LATERAL

Il se fait avec des cales (montées d’origine) assez faciles à trouver, que l’on place derrière le roulement (voir FIG 80). Personnellement je le monte sans jeu et même un peu
« serré », le vilo tournant un peu « dur ».

TEST DU VILO MAGIQUE QUI BOUGE TOUT SEUL !!!!

Le vilo est dans les carters, je suis sûr que vous n’avez pas oublié de huiler le tout abondamment, tout est serré, placez les masses d’équilibrage en position haute légèrement décalées, prenez une lampe à souder, chauffez régulièrement les carters vers 40 ou 50 degrés, le vilo doit « tomber » de lui même … il doit ensuite tourner à la main tout à fait librement et sans jeu.
Ce qui veut dire que dès que votre moteur est chaud les carters alu se dilatent beaucoup plus que le bloc d’acier qu’est le vilo et un jeu se fait naturellement... A
titre d’information on ne touche pas une pièce à la main qui est à 65 / 70 degrés... (à moins d’être con !!!!!)

Je m’égare, je me disperse, revenons au titre de ce chapitre qui était la rectification… A la limite on fait tout ça quand tout est rectifié, tout neuf, tout terminé, tout remonté….
Donc mob, sac à dos, pas d’arrêt au troquet ... les choses sérieuses commencent…
Faire rectifier la portée du vilo au minimum afin qu’elle soit parfaitement cylindrique, ne pas se soucier de la cote, par contre il est nécessaire de la mesurer avec précision, exemple = 35,04mm.

Pour les manetons de bielles je ne rentrerai pas dans les détails, un bon rectifieur sait faire tout ça… Par contre bien spécifier et contrôler les rayons sur les manetons de bielles ainsi que la portée du vilo. Très important : s’ils ne sont pas respectés la casse est assurée a 90%.. (voir FIG 68 et 70)



 

DU MONTAGE DANS LES CARTERS

OK !!! la portée du vilo est rectifiée ainsi que les manetons, tout va bien !! Démonter la bague du carter, prévoir des outils appropriés genre jet en aluminium au diamètre intérieur de la bague, en chauffant légèrement le démontage est facile... L’idéal étant une presse (voir FIG 76.). Deux cas de figure se présentent alors.
1 - Le support de la bague est en acier, l’intérieur étant garni d’origine d’un métal « rose » anti-friction a base d’un alliage à base de bronze, d’étain, de plomb et d’aluminate de peroxyde d’hydrochlorate de titanium du Soudan oriental et de cuivre galvanisé en fut de chêne…ça se fait plus.. Etonnant !! pièce d’origine introuvable…. quant aux refabrications.. Aucune confiance….
Un outilleur peut remettre dans la frette en acier une bague en bronze appropriée , type Métafram poreux et dopée avec des particules de graphite sous pression ou un bronze pour paliers. La gamme est longue, le rectifieur vous renseignera.

Cette bague d’origine était goupillée de façon à ce qu’elle ne tourne pas, le montage n’est pas facile, et doit être fait par un spécialiste ou alors pas de
goupille, mais un montage serré et loctite.

2 - La 2e option est d’usiner dans la masse une bague dans un bronze approprié (généralement phosphoreux), comportant trous et rainures de graissage…Au choix..
On monte la bague dans le carter .. Pour une bonne alliance, mettre la bague dans le congélateur (de préférence proche de la pizza surgelée) et le carter dans le four de la cuisinière (thermostat 10) et maman partie faire les courses…
Le tout se monte alors sans difficultés , l’idéal étant une presse, mais on peut le faire avec des outils bien adaptés, par contre, il faut faire vite, le chaud et le froid étant particulièrement amoureux l’un de l’autre !!! On dégraisse le carter avant de le mettre au four, et surtout avant le retour de maman… Bonjour les vapeurs d’huile dans la cuisine !!! (cas de divorce)…….

OK !! la bague est dans le carter. Le carter est alors monté sur une fraiseuse (là ça devient sérieux !!) calage etc.…reprendre le comparateur cité dans l’autre article pour faire tous les points zéro dans les trois axes sur des faces de référence. Le fraiseur sait faire tout ça.
Dans l’autre carter monter un roulement neuf et assembler les deux carters sur la fraiseuse.
A ce moment une tête a aléser est montée sur la machine, sur cette tête est fixé un TELSA, (comparateur à touche) : on se met au point zéro sur l’intérieur de la bague du roulement.

Le carter (coté embrayage) est démonté, et on peut alors aléser notre bague.
Le choix de l’outil à aléser est primordial, l’idéal étant de réaliser la cote en une seule passe !! je l’ai vu faire… souvenez vous de la cote du vilo ….. alors ????? y’en a trois qui suivent !!! je répète 35,04 mm on alèse avec 2/100e de jeu au diamètre c’est à dire 35,04+0,02 = 35,06
En résumé le jeu entre la portée du vilo et la bague ne doit pas excéder 2 /100e de mm au diamètre…. et voilà le tour est joué……

LE ROULEMENT DU VILEBREQUIN

Il est de type a rouleaux cylindriques montés dans une cage massive en bronze. Je déconseille les roulements bon marché où les rouleaux sont maintenus dans une cage en tôle, ils sont de gros diamètre, et donc peu nombreux. De plus il sera nécessaire de le démonter plusieurs fois pour effectuer le calage du vilo (voir FIG 80), en principe comme il est serré sur l’arbre, en deux démontages la cage est déformée et le roulement pratiquement inutilisable !! La société FAG fait de très bons roulements de qualité. Sa référence est NJ 206 EM1 (NJ=à rouleaux cylindriques ,démontable d’un seul coté - EM1 exécution renforcée, cage massive en laiton centrée sur les rouleaux) . La cote est 30x62x16mm
Par contre le montage est inverse de l’origine. La cage comportant les rouleaux se monte dans le carter et la bague sur l’arbre du vilo, c’est sans importance.
Chauffer le carter, mettre le roulement au congélateur ( à coté de la pizzz…ouais je l’ai déjà dit !!!) le monter avec LOCTITE SCELLEROULEMENT

Si à froid il se monte tout seul il y a problème (parfois sur de vieux carters ou le roulement a tourné dans son logement) en principe il est monté avec 5 /100e de serrage. Dans ce cas vous êtes dans la m…… un montage avec clinquant spécial en « accordéon » dispo chez SKF ( pas chez Yvette Horner !!!) prévu pour rattraper ce genre d'usure est alors possible (à voir avec le rectifieur….) même traitement avec la bague sur l'arbre du vilo (chauffer légèrement la bague) et monter avec SCELLEROULEMENT, idem elle doit être
« serrée ».

Type de rondelle
"SKF"


Pour blocage
de l'écrou sur le vilo
qui entraîne la pompe
à huile

L’EQUILIBRAGE
Il est effectué en usine, et ne nécessite pas d’autres réglages avec un montage pistons/bielles standard, il sera nécessaire par contre avec des bielles acier genre CARILLO (acier) et pistons racing. C’est ensuite une affaire de spécialiste car il faudra monter des masses sur les manetons et faire un équilibrage statique (voir FIG 74 et 75 masses d’équilibrages et perçages), dans un premier temps, et ensuite un équilibrage dynamique. (L’idéal !!!)
A vrai dire moi je m’en fous, ceci étant réservé plutôt aux machines de compétition….
Mais pour une machine « standard » ….. !!
C’est pas bon, ces bonnes vibratttttttttttttttions !!!!!!


LES BIELLES

Elles sont en alliage d’aluminium forgées. Le 1er contrôle à effectuer est l’équerrage. Les poser sur un marbre d’un coté et de l’autre (les faces sont usinées) s’il y a un décalage entre la tête et le pied (le mesurer avec un jeu de cales) le redressage est relativement facile avec une presse (oubliez le gros marteau !!!!)

La bague de pied de bielle en bronze est facile à refaire. Il faut que l’axe de piston rentre juste « glissant » tolérances H7 G6 (voir le rectifieur..) Plutôt que de les acheter, faites les réaliser par un outilleur, il peut réaliser une patte d’araignée (rainure de graissage intérieure) et les ajuster avec un alésoir expansible.


LES GOUJONS DE BIELLES.

Bien les repérer pour chaque bielle. Mesurer les diamètres pour contrôler l’allongement, s’ils sont OK les remonter dans leur position. Changer systématiquement les écrous de bielles, ils existent en nylstop bien dégraisser et les monter au Loctite rouge. Serrer en 2 ou 3 fois à 3.5 kg /m.
Contrôle des diamètres = 0.3125 pouces soit 7,937mm = cote d’origine , 0.3120 pouces soit 7.924mm . En dessous de 7.92 mm le goujon est allongé = poubelle. (voir FIG 66).

La bielle gauche est percée, le trou doit se trouver vers l’intérieur du moteur, il graisse simultanément le bas du cylindre et envoie de l’huile dans le logement de l’arbre à cames / poussoirs.
J’ai vu une bielle d’A65 percée en Y (voir FIG 78) et j’ai trouvé une illustration dans un bouquin américain, mais ça reste un peu un mystère ??

Les bielles ont des No frappés avec leurs coquilles…..bien mélanger le tout et remonter en vrac !!! bon, elles sont appariées, alors on fait attention !! A proscrire les bielles sans No (souvent neuves..) c’était le contrôle qualité qui peuvent se trouver dans des auto-jumbles en Angleterre... Je me répète, il y a eu des stocks énormes vendus au poids au moment de la fermeture des usines BSA et souvent des pièces hors normes… qu’on se le dise !!!!

AUTRES MONTAGES CONCERNANT LA BAGUE

Deux options
1) La conversion roulement avec modif du vilebrequin.
L’arbre du vilo est usiné, percé, le carter de distribution est modifié afin d’envoyer la pression d’huile directement sur les paliers de bielles.
A la place de la bague, un roulement mixte (à aiguilles et butée à billes) est monté.
SRM en Angleterre le fait ainsi que notre ami NANARD chez nous... Je n’en ai pas l’expérience mais j’ai des amis Anglais qui roulent depuis longtemps avec ce montage.
Au fait un bon test sur la santé du vilo, bague , pompe à huile enfin tout le circuit de graissage… le retour d’huile dans le bidon ... au démarrage ça gougoute un peu
…..mais très rapidement il doit y avoir un jet pratiquement continu en augmentant les gaz .

2) Kit de roulement vendu par SRM sans modif apparente du vilebrequin , c’est relativement nouveau et personnellement je ne connais personne qui utilise ce montage … A essayer….

Documents annexes (scans) :

Vérification vilbrequin

équilibrage / Liaison bielle-vilbrequin

équilibrage 2

Rectifieuse et congés galetés

Jeux de montages, limites d'usure
et comprendre les "cotes réparations"

(Si c'est illisible cliquez sur le logo "agrandir" )

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